Boussole stratégique – bilan de la première année de mise en oeuvre

Boussole stratégique – bilan de la première année de mise en oeuvre

Des progrès significatifs et des résultats concrets

Les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des 27, réunis en format jumbo, ont adopté, lundi 20 mars, le premier rapport sur la mise en œuvre de la Boussole stratégique. Ce document a pour but de fixer le cap de l’Europe de la défense et la sécurité pour la prochaine décennie. 

Un an après son adoption, Josep Borrell souligne les « progrès significatifs et les résultats concrets obtenus dans les quatre chapitres de la ‘Boussole stratégique’ (agir, sécuriser, investir et participer) ».

Le Haut représentant de l’Union insiste sur la transformation de l’Union suite à l’agression russe en Ukraine, considérant qu’elle a « boosté la crédibilité » de l’agenda de sécurité et défense de l’UE. Il se félicite particulièrement de « l’augmentation des budgets de défense sans précédent ». La hausse de 6% en 2021, a permis aux budgets européens d’atteindre 214 milliards € au total. Un budget supplémentaire total de 75 milliards € est attendu d’ici 2025. 

Sans surprise, le rapport pointe le succès de la Facilité européenne pour la paix, véritable « tournant » de la politique européenne qui a permis de financer « pour la première fois » la fourniture d’équipements létaux à l’Ukraine dans un « temps record ». 

Sont également salués les deux milliards engagés dans le cadre du FED (le Fonds européen de défense), la mise en place d’un hub d’innovation à l’agence européenne de défense (EDA), la mise en place de l’observatoire des technologies critiques en février pour « identifier les dépendances stratégiques », ou  encore la proposition d’une législation sur les matières rares critiques. Des feuilles de route spécifiques sont attendues d’ici fin 2023.

Par ailleurs, le rapport fait état de progrès réalisés dans la capacité de déploiement rapide de l’UE, la conception de nouveaux outils pour anticiper et contrer les menaces hybrides, renforcer la cyberdéfense et lutter contre les campagnes de désinformation et l’ingérence étrangère.

Des efforts encore nécessaires

La nécessité de continuer les efforts est néanmoins mise en exergue, alors que « le monde (…) change radicalement et notre environnement de sécurité s’est encore détérioré ».

C’est notamment la perte de mobilisation politique qui inquiète dans les sphères bruxelloises. Car la mise en œuvre de la Boussole dépend avant tout de la bonne volonté des Etats membres et ceux-ci font face à de nombreux défis (financement du soutien à l’Ukraine, crise énergétique). 

Deux éléments sont particulièrement préoccupants. D’un côté, « la PESCO n’a pas utilisé son plein potentiel » faute d’engagement « solide et continu » des Etats membres. De l’autre, les dépenses communes ne progressent pas suffisamment. Passées de 11% à 18% en 2021, elles restent au-dessous de l’objectif de 35%. « Nous devons accroître la coordination de nos dépenses de défense » et la « coopération » industrielle avertit le rapport. Le risque étant de « fragmenter encore plus l’industrie de défense de l’UE ».

En ce sens, la Commission et le SEAE travaillent à la révision du plan de développement des capacités (CDP), attendu à l’automne 2023.

Lire le premier rapport annuel de mise en oeuvre

RGPD*